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Série de portraits:
Journée internationale des droits des femmes

Charlotte Kneer

Charlotte Kneer

Leanne Pero

Leanne Pero

Annie Belasco

Annie Belasco

En soutien à la Journée internationale des droits des femmes 2021, JOSEPH célèbre cette occasion avec un projet qui amplifie les voix féminines et met en lumière les défis uniques auxquels les femmes sont confrontées chaque jour. Dans une rare série de portraits et d'entretiens, nous offrons notre tribune à trois héroïnes exceptionnelles et méconnues, représentant diverses causes féminines, qui ont consacré leur vie à aider d'autres femmes. Chacune partage sa propre expérience et son histoire personnelle, et à travers leurs propres mots, nous souhaitions célébrer ce que réalisent les femmes et sensibiliser le public au travail qu'elles accomplissent pour faire du monde un espace plus sûr et plus solidaire pour toutes les femmes.

2021 sera une année difficile pour le secteur caritatif, les causes indépendantes nécessitant un soutien plus important que jamais. L'équipe qui a travaillé sur le projet a fait don de sa rémunération, que JOSEPH a égalée et doublée. Le montant total du don a été divisé à parts égales entre les trois organisations caritatives, afin de soutenir leurs efforts essentiels pour aider les femmes vulnérables dans les moments difficiles.

Portraits : Alex Board | Coiffure et maquillage : Jolanda Coetzer | Propos recueillis par : Camilla Hunt

Charlotte Kneer

Charlotte Kneer

JOSEPH x JIDF : entretien avec Charlotte Kneer, RBWA

Charlotte Kneer est la directrice générale du refuge Reigate and Banstead Women's Aid dans le Surrey, une petite organisation caritative indépendante qui se consacre à changer la vie des femmes et des enfants qui fuient la violence domestique. Fondée en 1984, elle a offert la sécurité et la liberté à environ 2000 femmes et à leurs enfants en mettant à leur disposition un espace sûr, des services thérapeutiques et la confiance et l’accompagnement nécessaires pour reconstruire leur vie après un traumatisme. Après avoir survécu à des violences domestiques et vu son propre partenaire violent condamné à sept ans de prison, Charlotte a consacré les onze dernières années à faire connaître l’association RBWA, à dénoncer les écueils du gouvernement et à accroître l'accessibilité des espaces et des services pour les femmes en quête de refuge. Chaque don reçu servira à fournir le niveau de service que ces femmes et ces enfants méritent, allant du transport pour fuir aux colis de soins, aux provisions quotidiennes et à un accompagnement psychologique continu.

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Le thème de la JIDF de cette année est #ChooseToChallenge. Quels sont les défis les plus importants que vous avez rencontrés en tant que femme ?
Je suis une survivante de la violence domestique, un phénomène dont les femmes sont statistiquement plus susceptibles d'être victimes. Survivre au tribunal et à la procédure pénale a été un défi personnel, tout comme le fait de faire face à l'attitude des gens à mon égard en tant que femme, au reproche fait aux victimes. Les hommes peuvent être soumis à des normes différentes en matière de violence domestique, tout comme ils le sont socialement : on leur témoigne de la sympathie tandis que l’on demande à une femme : « Pourquoi avez-vous supporté cela ? ». Je pense que c'est l'une des raisons pour lesquelles je travaille avec des femmes qui ont subi des violences domestiques, parce que je comprends et je veux remettre en question ces attitudes et changer la façon dont la société les perçoit.

Comment avez-vous choisi de relever ces défis ?
J’ai pour devise la citation suivante de Toni Morrison : « La fonction de la liberté est de libérer quelqu'un d'autre ». J'apprécie tellement ma propre liberté que je veux que d'autres femmes en fassent l'expérience. C'est pourquoi je travaille dans des refuges depuis onze ans maintenant, ayant moi-même subi des violences.

Je travaillais dans le recrutement, je gagnais même très bien ma vie, mais j'ai réalisé que ce n'était plus ce que je voulais faire. J'ai commencé à travailler au refuge, et j'ai vite compris que j'étais toujours sous le contrôle de mon ex-mari en raison des contacts qu’il avait avec mes enfants. Un week-end, après que mon ex-mari ait menacé de me tuer à nouveau, je me suis dit : « J'en ai assez ». Avec le soutien des membres du refuge, je suis allée voir la police et il a finalement été condamné à sept ans de prison. Je suis entrée dans l’association en pensant que j'aiderais d'autres femmes, mais le fait d'y travailler m'a vraiment aidée à m'en sortir. Je collecte des fonds pour tous les psychothérapeutes qui travaillent avec les femmes et les enfants plus âgés afin de leur apporter un soutien quotidien. Les familles reçoivent également un travailleur social qui les accompagne, quelqu'un qui les enlace si elles en ont besoin ou qui les aide à régler des problèmes pratiques, qu'il s'agisse de justice pénale, de tribunal de la famille, de questions d'immigration, de logement, de santé, d'éducation ou d'emploi. L’accompagnement est très complet.

"Personne ne comprend vraiment la force qu'il faut avoir pour partir. J'apprécie tellement ma propre liberté que je veux que d'autres femmes en fassent l'expérience."

Comment le confinement vous a-t-il mise au défi, vous ou votre organisation caritative ?
Je repenserai toujours à cette période de la pandémie au regard de la violence domestique, car je me souviens avoir pensé : « Oh, mon Dieu, ces femmes et ces enfants vont être confrontés en permanence à un agresseur ». Au début, nous avions quatre femmes pour chaque place dans le refuge, aujourd’hui elles sont neuf. Fuir la violence domestique ressemble beaucoup à la protection des témoins. On se réveille un jour, on prend autant de choses que l'on peut dans un sac et on court pour sauver sa vie. Des femmes arrivent au milieu de la nuit en pyjama, les enfants abandonnent leur école, leurs amis, leurs jouets, et les femmes abandonnent leur travail et leur vie entière, s'enfuyant lorsqu’elles le peuvent. Nous avons été aidés par le programme Rail to Refuge tout au long de la pandémie, qui a permis aux femmes de prendre le train et se rendre dans un refuge gratuitement.

Pourquoi est-il si important de consacrer une journée à célébrer ce que les femmes accomplissent ?
Chaque jour où des femmes aident d'autres femmes compte pour moi. Mais cette occasion reste importante, car nous n'avons pas atteint l'égalité et nous avons besoin d'une journée pour reconnaître le fait que les femmes sont toujours opprimées ; elles subissent encore tant d’horreurs dans de nombreux pays. Il s'agit de célébrer ce qu’ont accompli des femmes qui, en dépit de tous les obstacles, réalisent des choses étonnantes. D'une certaine manière, je serais très heureuse si le jour venait où nous n'avions plus besoin d'une Journée internationale des droits des femmes, mais il reste encore un long chemin à parcourir.

Quelle est votre plus grande réussite ?
Le confinement a été l'une des périodes professionnelles les plus stressantes, mais quand je repense à ce que j’ai vécu, c'est l'une des choses dont je suis la plus fière – cela a failli me tuer ! J'ai donc eu très tôt l'idée de créer des espaces de refuge pour les femmes afin de faire face à l'avalanche de nouvelles arrivantes qui avaient besoin de soutien et d'espace. Le financement fait toujours partie du problème, mais je ne pouvais pas rester les bras croisés. Au début, j'ai commencé à en parler au gouvernement et aux autorités locales et j'ai suggéré l'idée de créer des espaces supplémentaires, et voilà qu'en quelques semaines, ils nous ont offert un immense bâtiment désaffecté. En six semaines, il était opérationnel et nous avons pu accueillir de nouvelles familles dans le premier bâtiment. Je viens d'obtenir le feu vert pour nous agrandir à nouveau, nous allons donc nous pouvoir accueillir onze familles supplémentaires, ce qui signifie que nous créons beaucoup d'emplois, que nous augmentons notre présence et que nous offrons plus d'espace à ceux qui en ont besoin.

Quelles sont les victoires que vous célébrez au quotidien ?
Mes victoires quotidiennes concernent mes enfants et ma relation. Lorsque vous avez subi de graves violences domestiques, il est très difficile de se remettre en couple. Je suis donc reconnaissante de la belle relation que j'ai avec mon partenaire. Il m'a fallu beaucoup de temps pour trouver quelqu'un – 17 ans en fait. Se réveiller et être reconnaissante de la vie que l'on mène par rapport à celle que l'on pensait avoir est quelque chose que je célèbre tous les jours. Je vis ma vie de rêve et j'ai un travail que j'aime et qui me passionne. Combien de personnes peuvent dire cela ?

Qui sont les femmes qui vous motivent et vous inspirent ?
Ce sont mes équipes dans les refuges, qui se battent tellement pour les autres femmes, et les femmes elles-mêmes qui fuient la violence. Personne ne comprend vraiment la force qu'il faut avoir pour partir.

Quels conseils donneriez-vous à une version plus jeune de vous-même ?
Je lui dirai d'être authentique. J'ai toujours essayé de plaire, en partie parce que j’étais dans une relation abusive, mais aussi parce que j'essayais d'être la bonne personne pour quelqu'un d'autre. J'ai appris que, dans la vie, tout le monde ne va pas vous aimer, et j'ai réalisé que je ne voulais pas les forcer. Je lui dirai aussi de ne pas se donner tant de mal – je pense que nous dirions tous cela à une version plus jeune de nous-mêmes.

Quels sont les nouveaux défis auxquels les femmes sont confrontées qui ont retenu votre attention ?
Les réseaux sociaux peuvent être puissants dans le bon sens du terme, mais ils peuvent aussi l'être dans le mauvais sens. Je m'inquiète beaucoup des images à caractère sexuel qui circulent et du fait que les filles sont encouragées à envoyer des photos d'elles posant nues par exemple. Nous avons fait énormément de progrès, mais ce serait terrible que ces progrès soient freinés par l'arrivée d'une autre vague de tolérance autour du langage sexuellement violent et de la pression sociale. Lorsqu’on est jeune, on ne réalise pas qu’on a le droit de dire : « Non, c’est mon corps et je n'ai pas à le partager avec vous ». Mes filles ont 20 et 21 ans et j'ai eu des conversations avec elles très tôt dans leur vie pour leur apprendre à dire « non ».

Comment les gens peuvent-ils lutter au mieux contre les préjugés dans leur vie quotidienne ?
L'une de mes devises est « Une personne peut faire la différence ». N'attendez pas que quelqu'un d'autre s'en occupe. Si vous entendez quelque chose de misogyne, une blague horrible par exemple, interposez-vous et dites que vous ne trouvez pas cela drôle. Les personnes que je préfère sont celles qui n'ont pas peur de se faire entendre et de mettre les gens mal à l'aise. Il est réellement important de briser ce cycle, pas seulement pour les femmes, mais aussi pour les enfants.

www.rbwa.org.uk

Leanne Pero

Leanne Pero

JOSEPH x JIDF : entretien avec Leanne Pero, Black Women Rising

Lorsque Leanne Pero a appris qu'elle était atteinte d'un cancer du sein à seulement 30 ans, elle a pris conscience du manque de soutien apporté aux femmes issues des minorités visibles et des taux de diagnostic plus faibles souvent associés à des préjugés et des tabous au sein de leurs communautés. Par l'intermédiaire de la Fondation Leanne Pero, elle a créé le projet Black Women Rising en 2017 afin d'offrir une aide, un soutien et une visibilité indispensables aux patientes atteintes de cancer. Le cœur du projet réside dans ses groupes de soutien mensuel entre pairs, qui visent à éduquer, inspirer et mettre en relation les femmes issues des minorités visibles afin qu'elles puissent partager leurs histoires sans crainte ni honte. Chaque don reçu permet de continuer à offrir ces services nécessaires et de créer un contenu nouveau et durable afin de donner aux malades et aux survivantes les moyens d'agir tout au long de leur combat contre le cancer.

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Le thème de la JIDF de cette année est #ChooseToChallenge. Quels sont les défis les plus importants que vous avez rencontrés en tant que femme ?
Il y a trois grands défis que j'ai dû surmonter personnellement. Tout d'abord, j'ai été victime d'abus sexuels très jeune, à 13 ans. Lorsque j'ai révélé ce qui s'était passé, j'ai traversé une période de transition très difficile et je n'ai eu d'autre choix que de devenir adulte. Pour m’en sortir, j'ai eu besoin d'une longue thérapie, que j’ai entreprise plus tard en raison de la dépression qui a suivi la rupture avec mon amour d'enfance. J'ai beaucoup appris pendant cette période, mais trois ans plus tard, on m'a diagnostiqué un cancer à l'âge de 30 ans.

Comment avez-vous choisi de relever ces défis ?
Je me suis sentie vraiment isolée pendant mon parcours contre le cancer. Une des choses dont je me suis aperçue lorsque j'ai été diagnostiquée, c'est qu'il n'y avait aucun exemple de jeunes femmes noires atteintes d'un cancer, ou de jeunes gens tout court. Il n'y avait personne à qui je pouvais vraiment m'identifier : aucune femme dans la littérature, les informations en ligne ou dans le groupe de soutien de l'hôpital ne me ressemblait. Alors que j'approchais de la fin de mon combat contre le cancer, ce qui était pour le moins éprouvant, c'est la seule chose dont je voulais parler. J'ai commencé à tenir un blog en ligne pour raconter mon expérience du cancer en tant que femme noire, et j'ai été assez étonnée par le nombre de femmes qui ont pris contact avec moi.

Cela m'a amenée à me pencher sur les stigmates qui entourent les personnes issues des minorités visibles et sur les raisons pour lesquelles nous sommes isolés et vivons seuls ces combats contre le cancer. D'une part, il y a comme un manque de sensibilisation au sein de la communauté noire au sujet du cancer et un manque de visibilité dans les campagnes médiatiques. Mais d'un autre côté, il y a des préjugés et des tabous profondément enracinés dans la culture noire et asiatique qui n'arrangent pas les choses. Lorsqu'il s'agit de maladies chroniques comme le cancer, on nous dit que l’on pourra guérir si l’on prie suffisamment, et que nous sommes peut-être responsables de ce qui nous arrive. La tante de mon amie lui a dit de mettre de la peau d'orange sous son oreiller pendant quatre-vingt-dix jours pour se débarrasser du cancer. Les gens ne vont pas passer d'examens, et cela impacte les statistiques dont nous disposons actuellement : les femmes noires, par exemple, sont plus susceptibles de mourir du cancer que les femmes blanches. C'est un fait. Donc, pour moi, il s'agissait de créer un projet visant à combattre ces stigmates, à donner aux gens les moyens d'obtenir un diagnostic de cancer, mais aussi à leur donner les ressources nécessaires pour y parvenir, car personne ne comprend ce qui se passe dans notre culture en dehors de nous.

"Je crois que chacun a un but dans la vie ; en ce qui me concerne, je mesure mon succès à la façon dont j’aide et je sers la communauté."

Comment le confinement vous a-t-il mise au défi, vous ou votre organisation caritative ?
Pour être honnête, lorsque nous avons été confinés en mars 2020, j'en étais arrivée à un point où c'était devenu si difficile pour moi mentalement que j'étais prête à fermer l'organisation caritative. Puis, lorsque j'ai organisé les séances de mon groupe de soutien mensuel en ligne, le nombre de participants a beaucoup augmenté. Je ne l'oublierai jamais ! J'ai mis en place 25 créneaux horaires et ils ont fonctionné instantanément ; les gens se sont dit : « Nous avons réellement besoin de plus de soutien ». La santé mentale des gens était mise à rude épreuve, et les personnes atteintes de cancer s'inquiétaient d'être hospitalisées, à cause du Covid. Les traitements contre le cancer et les chirurgies ont commencé à être annulés, et nous avons perdu trois femmes qui étaient des membres très importants de notre groupe. Nous avons eu des récidives de cancer dues à l'arrêt des traitements et des médicaments. Une jeune fille du groupe atteinte d'un cancer de la gorge devait être opérée en août et ne l'a toujours pas été. Cela montre bien la difficulté de la situation. Nous organisons désormais davantage de groupes de soutien chaque mois et nous avons multiplié nos ressources, notamment avec la diffusion d'un podcast et d'un magazine. Le mouvement Black Lives Matter, qui a trouvé une nouvelle raison d'être pendant le confinement, a contribué au financement et au soutien que nous avons reçus, car les gens ont commencé à prêter attention et à écouter nos histoires. Nous en sommes maintenant à la deuxième année et nous devons demander aux gens de nous soutenir ; nous constatons une diminution de l'aide, et même une tendance à la discrimination raciale. Nous devons compter beaucoup plus sur le soutien et les subventions du gouvernement, qui sont actuellement à pleine capacité. Même les petits dons sont essentiels pour nous. Quelques centaines de livres sterling nous permettent d’organiser des groupes de soutien pendant 6 mois ou plus, ou d’investir dans des projets réguliers comme le podcast.

Pourquoi est-il si important de consacrer une journée à célébrer ce que les femmes accomplissent ?
Je considère la Journée internationale des droits des femmes de la même manière que le Mois de l'histoire des Noirs, en ce sens qu'il est important de faire le point et de réfléchir au chemin parcouru. J'ai créé mon autre entreprise, une compagnie de danse, il y a 20 ans, et je recevais des remarques sexistes de la part d'hommes qui occupaient des postes importants au moment où je cherchais un financement. Lorsque j'essaie de collecter des fonds aujourd'hui, je remarque à quel point les choses ont évolué. Je ne vois plus seulement des hommes en costume, je m'adresse maintenant à des femmes, à des organisations gérées par des femmes, disposant de fonds que les femmes ont créés de leur propre initiative. Ce constat me rappelle un peu mon travail en termes de lutte contre l'inégalité raciale, alors, bien sûr, je soutiens pleinement cette journée consacrée aux femmes, à leurs accomplissements et à tout ce que nous devons traverser. Je n'ai pas de temps à perdre avec ceux qui disent le contraire !

Quelle est votre plus grande réussite ?
Je pense que ma plus grande réussite est d'avoir surmonté mon traumatisme. J'ai traversé tellement d'événements traumatisants différents que je suis reconnaissante de pouvoir continuer à sourire, à aider les autres. Je suis reconnaissante chaque jour d'avoir vécu cela et de pouvoir mettre ces expériences à profit pour aider les autres. Je crois que chacun a un but dans la vie ; en ce qui me concerne, je mesure mon succès à la façon dont j’aide et je sers la communauté.

Quelles sont les victoires que vous célébrez au quotidien ?
C'est une question que l'on se pose souvent lorsqu'on se remet d'un cancer. Une de mes petites victoires a été de me convaincre que mon cancer ne reviendrait pas et que je n'allais pas mourir, de passer une journée en sachant que j’allais survivre au cancer. Aujourd'hui, ma victoire consiste à faire une promenade et m'assurer que je fais mes 5 000 pas, ou que je termine ma journée à 17 heures pour m'empêcher de travailler tard afin de me détendre. Préserver ma santé mentale ainsi pendant le confinement est pour moi une petite victoire.

Qui sont les femmes qui vous motivent et vous inspirent ?
Je pense à ma grand-mère, c'était une femme incroyablement forte. Elle était blanche et a adopté une famille métisse dans les années 1960, à une époque où le racisme était très répandu. Elle a rencontré beaucoup de difficultés, mais elle a fait preuve d'une telle force jusqu'à la fin, jusqu’à son décès, en s’occupant de nous tous. Je me tourne maintenant vers elle pour qu'elle me guide, comme un petit ange qui me regarde de là-haut. Je pense aussi à mon mentor, Debbie Moore, la propriétaire des Pineapple Dance Studios, qui m'a prise sous son aile quand j'avais la vingtaine. Elle m'a montré comment gérer une entreprise de danse prospère et nous sommes devenues de grandes amies. Pour moi, elle est presque comme ma marraine la bonne fée.

Quels conseils donneriez-vous à une version plus jeune de vous-même ?
Le conseil que je donnerais à une version plus jeune de moi-même serait de ne pas trop s'inquiéter de la vie et d'apprendre à se détendre un peu – tout finit toujours par s'arranger. J'ai passé de nombreuses années à me préoccuper de la suite des événements et j'ai appris à être un peu plus présente.

Quels sont les nouveaux défis auxquels les femmes sont confrontées qui ont retenu votre attention ?
Les réseaux sociaux peuvent être très dangereux, notamment en ce qui concerna la désinformation. Beaucoup de femmes avec lesquelles je travaille sont très curieuses d'Internet et s'y tournent pour essayer de tenir un blog sur leurs expériences parce qu'elles voient d'autres personnes le faire. Mais elles s'exposent parfois sans le savoir à un monde qui, si vous n'avez pas beaucoup d'expérience, peut vous donner l'impression de ne rien valoir. Il y a toujours un côté sombre, et le soutien n'est pas garanti. D’ailleurs, j'ai récemment interrogé certaines des plus jeunes membres de mon groupe de soutien et je leur ai demandé, par rapport à leur santé mentale, de lever la main si elles rencontraient des difficultés vis-à-vis des réseaux sociaux et de la pression d'être quelqu’un qu'elles ne sont pas. Toutes les mains se sont levées.

Comment les gens peuvent-ils lutter au mieux contre les préjugés dans leur vie quotidienne ?
En étant ouverts, honnêtes et en écoutant. La création d'une association noire, en particulier, a permis aux gens d'admettre qu'ils ne comprennent pas les expériences que nous vivons, mais qu'ils sont là pour écouter et être éduqués. Il est essentiel de garder l'esprit ouvert et d'écouter.

www.blackwomenrisinguk.org

Annie Belasco

Annie Belasco

JOSEPH x JIDF : entretien avec Annie Belasco, PANDAS

Annie Belasco est la directrice de PANDAS Foundation UK, une organisation caritative qui offre un soutien entre pairs aux parents atteints ou confrontés à une maladie mentale périnatale. Après avoir sollicité par le passé la ligne d'assistance téléphonique gratuite et les services en ligne de PANDAS pour soulager ses propres angoisses liées à la grossesse, Annie est aujourd'hui à la tête de la collecte de fonds et des opérations visant à offrir de la compassion, un soutien et une éducation continus aux personnes directement et indirectement touchées par la maladie mentale périnatale. Chaque don reçu contribue au fonctionnement essentiel des services, de l'assurance à la formation approfondie nécessaire pour que toutes les équipes disposent des connaissances les plus récentes afin d'aider efficacement chaque parent aux prises avec leur santé mentale.

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Le thème de la JIDF de cette année est #ChooseToChallenge. Quels sont les défis les plus importants que vous avez rencontrés en tant que femme ?
Je suis tombée enceinte peu de temps après avoir surmonté un cancer du sein à un jeune âge, et j'ai éprouvé une terrible anxiété prénatale proche de la dépression. J'avais peur de quitter la maison, car je pensais que quelque chose allait m'arriver et que je perdrais mon bébé. La peur vous envahit lorsque vous endossez l'un des rôles les plus exigeants pour une femme. Mais ne pas profiter de sa grossesse ? D'après mon expérience, c'est généralement mal vu.

Un soir, j'ai cherché de l’aide sur Internet, et je n'ai rien trouvé. C'est vraiment dommage que nous ne pensions pas à la santé mentale de la même manière qu'à la santé physique ; il y a tant de zones d'ombre et de questions. C’est alors que j’ai vu par hasard une publicité pour la ligne d'assistance téléphonique Pandas. Je les ai appelés et ils m'ont écouté. C'était incroyable de trouver une organisation caritative qui comprend réellement la dépression postnatale d’une part, mais aussi les traumatismes liés à la naissance, les troubles obsessionnels compulsifs maternels, la psychose, la dépression et l'anxiété – tout le spectre des maladies mentales périnatales qui sont souvent sous-estimées.

Comment avez-vous choisi de relever ces défis ?
J'ai été très inspirée par l'association et j'ai commencé à tenir un blog pour elle avant de me consacrer à la stratégie et à la création d'une équipe extraordinaire de femmes en mettant à profit mon expérience des ressources humaines. Je ne pensais pas chercher un emploi, mais j'ai rejoint l'équipe lorsque la fondatrice est partie. Nous travaillons actuellement sur deux défis principaux, à commencer par l'éducation. Il s'agit de sensibiliser les parents et leur entourage à la maladie mentale périnatale et de les informer du soutien disponible. Nous devons également remettre en question les attitudes préhistoriques à l'égard de la santé des femmes. Le terme « baby blues », par exemple, est affreux – c'est un terme général sexiste et dépassé pour les femmes qui se sentent un peu déprimées. Nous luttons contre l'ignorance qui n'est pas nécessairement la faute de la personne, mais qui discrédite quelque chose qui peut être beaucoup plus grave. Nous sensibilisons ensuite les médias, nos usagers et nos équipes à la gravité des maladies mentales périnatales, car il faut rappeler que le suicide est toujours la première cause de décès dans la première année qui suit l'accouchement, et plus encore chez les hommes. Les hommes peuvent également souffrir de dépression postnatale.

Notre deuxième défi est de prouver à quel point nos services sont indispensables et importants. Nous sommes classés comme une organisation caritative relativement petite, mais nous comptons 72 bénévoles et 70 personnes sur liste d'attente. Le fait que notre association soit la seule organisation caritative de premier plan au Royaume-Uni dans le domaine de la santé mentale périnatale a un impact énorme – nous sommes le premier port d'escale – mais il est difficile de prouver notre valeur. Nous dépendons des dons pour continuer à fonctionner.

"Mon inspiration, chaque jour, ce sont toutes les femmes qui soutiennent d'autres femmes, parce que lorsque les femmes s’unissent, des choses étonnantes peuvent se produire si nous sommes en accord avec nos valeurs."

Pourquoi est-il si important de consacrer une journée à célébrer ce que les femmes accomplissent ?
Tout le monde devrait toujours recevoir des encouragements et de la reconnaissance. Je suis allée dans une école pour filles, donc j'ai toujours défendu les valeurs de la JIDF et l'autonomisation des femmes de toutes les catégories démographiques et de toutes les capacités. Mais je pense aussi qu'il est important de lutter contre la stigmatisation qui entoure le rôle des femmes dans la société.

Quelle est votre plus grande réussite ?
Pour moi, chaque réussite repose sur le risque et sur la confiance en soi nécessaire pour y arriver. Entre vaincre un cancer du sein et devenir mère de deux enfants alors qu’on m’avait dit que je ne pourrais pas l’être, j’ai vécu un traumatisme important. Mais le fait que la taille, la croissance et les revenus de notre organisation ont triplé serait ma plus grande réussite, car je sais que nous touchons le plus grand nombre de personnes possible. Il s'agit de faire évoluer les comportements à l'égard de la santé mentale, en particulier chez les femmes, et de faire en sorte que le grand public et les médias prennent conscience de l'importance et de la gravité de ces questions pour les femmes. Nous contribuons à sauver des vies.

Quelles sont les victoires que vous célébrez au quotidien ?
Je suis une personne positive et remplie de joie, je me réveille chaque jour pleine de gratitude pour ce que j’ai. On ne sait pas ce dont souffrent les gens ou ce qu'ils traversent et je ne pense pas que l'on puisse minimiser une quelconque réussite. Hier, ma victoire quotidienne personnelle a été d'assembler des meubles, tout en élevant des enfants pendant le confinement.

Qui sont les femmes qui vous motivent et vous inspirent ?
Mon inspiration, chaque jour, ce sont toutes les femmes qui soutiennent d'autres femmes, parce que lorsque les femmes s’unissent, des choses étonnantes peuvent se produire si nous sommes en accord avec nos valeurs. Mes héros sont ceux qui bénéficient de nos services et les personnes qui fournissent ces services. Le fait qu'un bénévole parle ou non avec une femme peut littéralement sauver une vie. Je pense que les usagers sont formidables, braves, courageux, modestes, humbles et forts alors qu’ils ressentent exactement le contraire de tout cela.

Quels conseils donneriez-vous à une version plus jeune de vous-même ?
Je pense que mon conseil serait de traiter sa santé mentale de la façon dont on traite sa santé physique. On m'a toujours demandé « Que voudras-tu faire quand tu seras grande ? » et c'est tellement négatif. J'avais 25 ans quand on m'a diagnostiqué un cancer du sein. Je buvais de l'alcool. Je fumais. Je ne dormais pas assez parce que je travaillais trop dur. Je ne me donnais pas la priorité, ce qui avait aussi un effet très néfaste sur ma santé mentale. Je pense qu'on devrait laisser les jeunes femmes devenir ce qu'elles veulent être plutôt que de leur faire subir une pression incessante et de leur coller une étiquette avant même qu'elles n'entrent à l'école. Il est important de ne pas forcer ses enfants à devenir ce qu'ils ne veulent pas être et de leur permettre d'être eux-mêmes, en faisant passer leur santé mentale avant tout.

Quels sont les nouveaux défis auxquels les femmes sont confrontées qui ont retenu votre attention ?
Les écoles devraient dispenser un enseignement plus adapté aux compétences de la vie quotidienne, aux scénarios et aux situations de la vie réelle afin de donner aux femmes, aux filles et aux adolescentes la confiance dont elles ont besoin pour se réveiller chaque matin et se dire : « Je peux le faire ». Je pense que l'influence des célébrités peut avoir un impact positif, mais je crois aussi qu’il peut être dangereux de faire croire aux jeunes qu’ils doivent leur ressembler, penser et agir comme elles, ou qu’ils doivent reproduire ces styles de vie identiques qui ne leur apportent pas le bonheur.

Comment le confinement vous a-t-il mise au défi, vous ou votre organisation caritative ?
Nous avons constaté une augmentation incroyable de nos services depuis la fin du mois de mars de l'année dernière. La demande de notre ligne d'assistance téléphonique a augmenté de 240 % et nous sommes donc débordés. Tous les parents avec lesquels nous avons travaillé ont été pris de panique, passant d'une maladie mentale périnatale spécifique à une anxiété généralisée à propos de choses pratiques comme l'incidence des vaccins contre le Covid sur l'allaitement. Je considère la pandémie comme un facteur positif, dans la mesure où elle nous a rapprochés. Nous avons tous désormais une compréhension profonde de l'isolement, de la solitude et de l'anxiété, qui sont les trois principaux déclencheurs pour tout parent.

La question des finances n'était pas aussi impérative jusqu'à maintenant. Nous avons acquis une telle visibilité médiatique, mais cela n'est pas reconnu du point de vue du gouvernement ou des donateurs.

Comment les gens peuvent-ils lutter au mieux contre les préjugés dans leur vie quotidienne ?
En tant que femme, il est indispensable de fixer des limites – je ne pense pas qu'on nous apprenne à dire suffisamment à dire « non ». En tant qu'employeur, il est important d'encourage la flexibilité du travail pour les femmes et de faire de son mieux pour lutter contre l'écart de rémunération entre les hommes et les femmes, entre autres choses, car il est primordial de valoriser les femmes qui élèvent des enfants et de leur offrir un environnement de travail et un salaire qui leur permettent de le faire.

www.pandasfoundation.org.uk